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Répondre à cette question n’est pas une mince affaire... Mais si nous prenons le cas très concret des bâtiments d’enseignement, il est intéressant d’observer que l’environnement a été pensé et conçu en fonction des courants de pensées sociétales et de la pédagogie. Mais alors que notre société se trouve dans une période de développement intensif, avec la transition vers le numérique, nous pourrions avoir émis quelques fausses hypothèses nous poussant à prendre du temps pour réfléchir, planifier et concevoir l'environnement intérieur afin d'en tirer le meilleur parti.
L’école et ces idéaux n’ont cessé d’évoluer, de la petite école du milieu du XIXe siècle, où l'enseignant était proche des enfants, vivant à l'étage de la classe, aux enseignements du début du XXe siècle avec une hiérarchie claire, plaçant l'enseignant au-dessus des enfants - à la fois dans la société mais aussi physiquement dans la salle de classe...
Aujourd’hui, les bâtiments scolaires reposent sur un certain nombre de critères : « école au bâti moderne, en phase avec le développement durable, accessible aux personnes à mobilité réduite, « sécurisée », école numérique, modulable (aussi bien les classes que l’école en elle-même), ouverte et intégrée dans son environnement proposant une diversité de services ». La liste des critères retenus dans le rapport ministériel Klein(1) est en fait beaucoup plus longue que ces quelques exemples...
D’un point de vue architectural et dans les pays scandinaves en particulier, nous observons que la tendance réside donc à la modularité, à l'ouverture et à la luminosité, avec beaucoup de transparence par l’absence de partitions entre les différents espaces et l’utilisation intensive de vitrages.
D'après une psychologue spécialisée dans le développement scolaire et l’apprentissage, Malin Valsö, cette tendance architecturale est liée au fait que l’éducation considère que les élèves n’ont plus besoin de connaissances car ils peuvent les trouver directement sur le Web, mais qu’ils ont d’avantage besoin de compétences comme la capacité à collaborer ou à résoudre des problèmes, d’où l’ouverture des différents espaces, l’absence de partitions...
Or, nous avons toujours besoin de connaissances car les compétences nous servent à mettre en œuvre les différents savoirs (savoirs, savoir-faire et savoir-être) en vue de résoudre une situation complexe. Et d’après la même psychologue, cette nouvelle tendance architecturale dessert l’apprentissage de nos enfants car il est difficile d’acquérir des compétences et savoirs dans des environnements trop vastes, brouillés et peu clairs, qui peuvent être sources de toutes les distractions.
Dans ces espaces ouverts, les interruptions sont dangereuses, car elles conduisent au "multitâche", ce qui fatigue le cerveau et altère nos capacités cognitives. Les élèves doivent donc lutter pour ne pas perdre leur concentration. En outre, nous subissons tous un barrage de distractions visuelles et auditives tout au long de la journée. Les étudiants doivent économiser à la fois leur capacité cérébrale et leur énergie car apprendre peut être à la fois stressant et fatiguant : il est donc important de concevoir des environnements qui aident les étudiants à penser à leur activité lorsqu'ils étudient et inversement, à ne pas penser à leur travail scolaire lorsqu'ils sont en pause.
Dans une étude(2) portant sur l’environnement d’apprentissage physique, les auteurs insistent fortement sur la nécessité d'adapter les éléments de la classe à l'enseignement. Surtout pour les plus jeunes qui ont la même salle de classe pour le travail scolaire et récréatif, où un autre type d'éclairage et d'ameublement peuvent être nécessaires afin d’organiser les différents espaces. De simples conseils sont prodigués, tel que l'absence de portes ou partitions en verre ou de fenêtres donnant sur d'autres pièces ou sur un environnement extérieur comportant trop de circulation, un éclairage intégrant notamment des variateurs pour la luminosité et la température de couleur, mais également une bonne isolation acoustique et une ventilation qui soit adaptée à la capacité de la salle.
Travailler l’ambiance thermique
Les conditions thermiques de l’environnement dans lequel l'homme évolue jouent un rôle important : de nombreuses recherches(3) prouvent que s’il fait trop chaud, des symptômes de fatigue, lassitude ou maux de tête apparaissent. A contrario, s’il fait trop froid, les personnes se laissent vite distraire. Dans les deux cas de figure, les capacités cognitives sont altérées.
Il est donc important de maintenir des conditions de température stables, notamment grâce à un système de régulation de la température et de l’humidité. La vitesse de l’air est également à étudier : l’air soufflé est généralement diffusé au niveau du plafond ou le long des murs proches du plafond, à un taux d’impulsion relativement élevé. Pour éviter les courants d’air, les diffuseurs d’air soufflé doivent être sélectionnés avec soin pour garantir l'équilibre de la portée, l’étendue etc. par rapport à la taille de la pièce.
Remettre en piste l’éducation des enfants n'est pas un enjeu anodin.
Différents facteurs peuvent altérer la perception de notre environnement. Bien souvent, c’est une combinaison de facteurs de stress – le son, la lumière et l’air – ils influencent notre perception et affectent notre état et notre performance. Nous avons pris dans cet article l’exemple des bâtiments d’enseignement, mais le constat reste le même pour les espaces de bureaux, où de plus en plus de gens doivent choisir parmi les stations de travail dans de vastes open-spaces, apportant plus de collaboration mais aussi plus de bruits et distractions. Nos cerveaux doivent travailler plus fort si la quantité de bruit augmente(4).
Les recherches actuelles montrent que les élèves qui souffrent le plus de ces facteurs de stress – un mauvais éclairage, une mauvaise acoustique ou une ventilation inadaptée, sont les étudiants qui présentent déjà des difficultés comme des variations fonctionnelles neuropsychiatriques, un enseignement dans leur deuxième langue ou ceux qui souffrent de déficiences visuelles et auditives. Si nous apportons des modifications à la conception de l’environnement afin d’être au plus près du mieux-être et donc du mieux apprendre, ce sont eux qui en bénéficieront le plus. Nous pourrions leur offrir cette chance.
