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La durabilité doit être intégrée dans le processus de prise de décision

Le carbone incorporé, récemment reconnu comme un paramètre de durabilité dans l'industrie du bâtiment, reste souvent méconnu et négligé dans les processus décisionnels. Cependant, notre secteur a atteint une maturité suffisante pour le prioriser et doit désormais l'intégrer dans l'ensemble du processus décisionnel.

Tout au long d'un projet, les différents intervenants prennent de nombreuses décisions qui impactent des paramètres clés tels que la performance, le coût et la durabilité. Bien que chaque décision soit prise avec expertise et bonnes intentions, les exigences du projet et les objectifs globaux ne se diffusent pas toujours à travers toute l'organisation. Cela est particulièrement vrai pour le carbone incorporé.

 


Le budget d’un projet de construction est un levier déterminant qui façonne presque toutes les décisions. Lorsqu’il occupe une place prépondérante, la rentabilité tend à orienter l’ensemble du processus décisionnel. Si les impératifs économiques ne signifient pas nécessairement un compromis sur d’autres aspects, il est indéniable que l’excellence des performances et l’adoption de solutions durables impliquent souvent un investissement plus conséquent.

L’efficacité énergétique illustre parfaitement ce défi. Les grands projets modernes visent généralement des standards élevés en la matière, non seulement pour générer des économies à long terme, mais aussi pour rehausser la valeur du bâtiment. Une approche bien pensée peut ainsi répondre à plusieurs enjeux simultanément. Cependant, les technologies de pointe en efficacité énergétique ne sont pas toujours les plus abordables au moment de l’investissement. Plus encore, leur fabrication peut générer une empreinte écologique notable avant même leur mise en service. Ainsi, concilier performance, coût et impact environnemental reste un exercice d’équilibre exigeant, mais essentiel pour bâtir l’avenir de manière responsable.

 

Comprendre les émissions de carbone incorporé

La fabrication d’un produit mobilise inévitablement des ressources. De l’extraction des matières premières au transport et aux processus de production, chaque étape contribue à son empreinte environnementale, englobée sous le terme d’émissions de carbone incorporé.

Avec le temps, des réglementations nationales et européennes ont émergé pour encadrer et limiter ces émissions, venant compléter les préoccupations historiques liées à la consommation énergétique d’un bâtiment, également appelée carbone opérationnel. Cette évolution a conduit l’industrie à intégrer le carbone incorporé dans l’évaluation globale de l’impact environnemental des produits et des bâtiments.

L’une des approches clés pour quantifier ces émissions est l’évaluation du cycle de vie (ACV). Les résultats de cette analyse, une fois validés par un organisme indépendant, servent de base à la déclaration environnementale de produit (DEP). Véritable gage de transparence, une DEP fournit des informations précieuses sur l’empreinte carbone d’un produit, aidant ainsi à orienter des choix plus durables et responsables.

"Il est important de noter que les produits avec les meilleures performances ou la plus haute efficacité énergétique n'ont pas nécessairement les émissions de carbone incorporé les plus faibles. Cela dépend plutôt de facteurs tels que les choix de matériaux et la conception du produit. Cela signifie que deux produits avec la même efficacité énergétique peuvent avoir des empreintes environnementales très différentes en raison de différences dans les niveaux de carbone incorporé."

Caroline Jacobsson, Directrice du Business Circulaire, Swegon

 

Le carbone incorporé dans l'ensemble du processus de prise de décision

Comme évoqué précédemment, trouver un équilibre entre performance, coût et durabilité est un défi constant, souvent marqué par des compromis. Aujourd’hui, la durabilité est perçue sous deux angles majeurs : l’efficacité énergétique et les émissions de carbone incorporé. Pourtant, ces dernières sont fréquemment reléguées au second plan dans la prise de décision. Est-ce par manque de prise de conscience ou de vision sur leur impact ou par priorité donnée à d’autres impératifs ? 

Pour que la durabilité devienne une réalité tangible dans l’ensemble du secteur, la réduction des émissions de carbone incorporé doit être intégrée dès les premières étapes du processus décisionnel. Sinon, ne risque-t-on pas de voir les ambitions écologiques rester cantonnées à un discours stratégique, sans véritable mise en action? Ne court-on pas le danger qu’une focalisation excessive sur un seul critère occulte l’importance du carbone incorporé, faute d’incitations ou de connaissances suffisantes ? Et, en fin de compte, une approche fragmentée de la durabilité ne pourrait-elle pas engendrer, malgré elle, des défis imprévus pour les projets ?

 

Communication, ou peut-être des modèles de contrats alternatifs

Chez Swegon, nous avons une vaste expérience du secteur du bâtiment, et nous reconnaissons que la communication efficace est souvent la clé pour comprendre comment différentes décisions impactent à la fois les éléments individuels d'un projet et le projet dans son ensemble. Nous croyons qu'il est essentiel d'établir des cadres et des lignes directrices clairs pour garantir que les objectifs et les exigences du projet sont efficacement communiqués et suivis. Une meilleure sensibilisation des intervenants et une compréhension partagée améliorent la prise de décision et permettent des compromis pertinents.

Dans cette perspective, et pour relever sérieusement les défis climatiques ambitieux ainsi que les exigences de durabilité à venir, il pourrait être nécessaire de repenser en profondeur les structures de projet. Trouver le juste équilibre entre performance, coût, efficacité énergétique et carbone incorporé exige sans doute de nouveaux modèles contractuels ou des approches alternatives.

Ces modèles innovants devraient permettre de mieux définir les exigences du projet, d’optimiser les processus de priorisation et d’affiner les évaluations de performance. Car aujourd’hui, ne pas intégrer pleinement les émissions de carbone incorporé dans nos décisions n’est plus une option si nous voulons bâtir un avenir véritablement durable.