« retour

Faisons le point sur le Décret BACS

Depuis avril, le décret BACS a été étendu aux petits bâtiments du tertiaire. Ce décret, nous le savons tous, sert à rendre les bâtiments éco-efficaces : il détermine les moyens pour répondre aux exigences du décret tertiaire, soit une réduction de la consommation énergétique des parcs tertiaires français d'au moins -40% dès 2030*. Mais en ayant à l’esprit ces objectifs, il parait évident qu’il ne suffit pas d’installer un
« bon » système GTB... 

Au niveau des produits, il ne servira à rien de mesurer et de suivre les données de consommation énergétique si dès le départ, les produits sont plus ou moins énergivores. Et si les produits ne travaillent pas « ensemble », les économies d’énergie resteront un mirage… En effet, sur les différents sites où nous intervenons, force est de constater que les équipements ne fonctionnent pas toujours dans des conditions optimales. Cela est dû à des installations de mauvaise qualité, à une mauvaise mise en service/réglage et à un manque de logique de fonctionnement. Selon des études récentes, jusqu'à 30 % de l'énergie est gaspillée en raison d'installations et de mises en service défectueuses, les produits ne fonctionnant pas, d'une manière ou d'une autre conformément aux instructions du fabricant. Il faut adopter une approche globale qui prend en compte tous les éléments CVC et intégrer un système de contrôle qui peut collecter, analyser des données et équilibrer les charges et les performances des unités.

 

La régulation prédictive

Pour en revenir au décret BACS, celui-ci vise avant tout les équipements CVC et le type de régulation : plus la régulation est prédictive, plus l’investissement sera forcément important, mais plus les gains financiers seront également substantiels… Par régulation prédictive, il existe d’ores et déjà des solutions très avancées, des outils qui peuvent prédire les changements dans le climat intérieur. Chez nous, cette « boule de cristal » s’appelle INSIDE Analytics. Son IA lui permet de prédire des changements  jusqu'à neuf jours à l'avance. Il détecte les changements ou les problèmes futurs liés aux paramètres, tels que les fluctuations de température, l'augmentation des niveaux de particules dans l'air etc. Il recommande un certain nombre d’actions afin d'économiser de l'énergie et / ou améliorer la qualité de l'air intérieur tout en prenant en compte la façon dont les facteurs extérieurs affectent le bâtiment.

 

Les merveilles du sans-fil

Pour répondre aux exigences du décret Tertiaire, les moyens consistent donc à suivre, enregistrer et analyser les données de consommation énergétique et ajuster en temps réel la consommation des équipements en fonction des besoins.

Pour les bâtiments existants, à échéance 2027 (pour les installations d’une puissance nominale entre 70 et 290 kW) ou 2025 pour les installations d’une puissance nominale supérieure à 290 kW), l'utilisation d'un système à débit variable ou en fonction de la demande réelle deviendra la norme, permettant de réaliser des économies d’énergie significatives. Or, pour installer ou rénover les systèmes de ventilation actuels, les aspects liés à l'installation de tous les câbles nécessaires posent de réels défis dans bien des cas. Mais il existe les merveilles du sans-fil ! Si je prends comme exemple le système climatique WISE (système fonctionnant à la demande) où tous les produits communiquent entre eux par radiofréquences,  cette solution offre des avantages notables au niveau de l'installation : on s'affranchit des obstacles que constituent les murs, on réduit sensiblement le temps d’installation et on élimine le risque de mauvais branchements.

Généralement, les produits sans fil sont aujourd'hui plus chers que les produits câblés, mais les autres coûts (installation, maintenance, dépannage) sont nettement inférieurs à ceux d’une installation filaire. La technologie sans fil offre également une plus grande flexibilité, au niveau de l'installation et de la remise à niveau et bien entendu, elle offre accès à de nouvelles applications et à de nouveaux services.

 

Lorsque le sans-fil sera parfaitement appliqué, la terre entière se transformera en un immense cerveau (Nikola Tesla, inventeur et ingénieur, 1926).

Les capteurs d’ambiance

Bien entendu, les capteurs d'environnement intérieur jouent un rôle prépondérant pour mesurer des paramètres tels que la température, l'humidité, le CO2 etc. J’ai en tête The Edge à Amsterdam qui est l’immeuble tertiaire le plus écologique d'Europe (et certainement le plus intelligent), ayant obtenu le score de durabilité écologique de 98,36% dans la certification BREEAM : plus de 30 000 capteurs dans ce bâtiment sont connectés et accessibles par les occupants du bâtiment via des appareils intelligents. Le nombre de capteurs est plutôt impressionnant dans ce cas, mais sur de nombreux projets où nous avons fourni le système climatique WISE, le nombre de capteurs peut très vite grimer. Et plus le nombre d’équipements (sondes, thermostats, régulateurs) est important, moins élevé sera l’investissement initial: nous travaillons de plus en plus sur des projets équipés de notre système climatique WISE et nous avons calculé qu’à partir de 50 équipements, l’écart se creuse entre les deux systèmes, filaire et sans-fil. Au-delà de 200 équipements,  le système WISE coûte 15% de moins qu'une installation filaire.

 

Au-delà de la technologie, reste l’humain 

Il ne faut pas oublier que le gestionnaire a une influence considérable sur la consommation d'énergie des systèmes du bâtiment. Ces systèmes, s’ils sont mal installés, mal équilibrés, mal mis en service et mal entretenus consomment plus d'énergie. L'une des erreurs les plus courantes consiste à faire fonctionner simultanément les deux systèmes de chauffage et de refroidissement dans un bâtiment, avec des points de consigne qui se chevauchent, ce qui entraîne un gaspillage d'énergie. L'équipe d'entretien doit vérifier régulièrement tous les points de consigne et la propreté de l'ensemble du système au cours de la maintenance. Malheureusement, travaillant depuis près de 10 ans au service technique de Swegon, j’ai trop souvent constaté que la maintenance n’était ni régulière ni adéquate sur de nombreux sites. Mais là encore, la technologie sans fil facilitera à l’avenir la maintenance des systèmes du bâtiment.

 

Pour finir, j’ajouterai que les mesures d'économie d'énergie sont propres à chaque bâtiment et il faudra bien plus qu’une bonne GTB pour avoir un bâtiment éco-efficace. La technologie, les logiciels, les produits sont là. Reste à assembler le tout d'une manière cohérente, pour que les produits travaillent ensemble et que le système soit optimisé. Et dans ce contexte, j’espère que l’humain ne sera jamais sacrifié sur l'autel des économies d'énergie, qu'il restera toujours au premier plan: l’objectif est avant tout d’offrir un bon climat intérieur à tous les occupants du bâtiment. 

 

* puis -50% en 2040 et -60% en 2050.