Quand les murs « parlent » : comment éviter la diaphonie

Quand les murs « parlent » : comment éviter la diaphonie
5:39

Avez-vous déjà été dans un bureau où vous pouviez soudainement suivre les discussions dans la salle de réunion voisine, malgré les portes fermées et des murs apparemment solides ? Ou au contraire, avez-vous déjà animé une réunion où le bavardage du couloir distrayait les participants et les détournait de l’ordre du jour ?
Dans le secteur du chauffage, de la ventilation et de la climatisation (CVC), ce phénomène d’écoute involontaire est appelé diaphonie (crosstalk). Notre expert Tony Olsson, Chef de produit Acoustique, nous en dit plus.

 

 

Comme mentionné, la diaphonie dans les bâtiments est appelée crosstalk, et elle est observée dans tous types de constructions. Il est essentiel de noter que le son ne passe généralement pas directement à travers les murs, mais plutôt par le système de ventilation ou par les ouvertures nécessaires à la mise en place des solutions de confort intérieur.

En termes professionnels, la diaphonie mesure la capacité d’un bâtiment à réduire le bruit transmis par l’air entre deux pièces ou entre des espaces distincts sans ouverture directe.

Tout est une question d’isolation des murs

L’industrie du CVC dispose d’un savoir-faire approfondi et d’excellents outils pour calculer le bruit généré par les ventilateurs, clapets et diffuseurs d’air. Différents logiciels permettent d’évaluer les pertes d’insertion dans les conduits, et il est généralement nécessaire de ne considérer que les niveaux dB(A) et dB(C), ce qui est déjà complexe.

Les choses se compliquent lorsqu’il s’agit de bruit entre les pièces, car l’indice acoustique des murs (Rw) et d’autres valeurs pondérées et normalisées telles que Dn,ew entrent dans l’équation. C’est un domaine où beaucoup peuvent éprouver une certaine incertitude.

Une paroi peut présenter une bonne valeur Rw lors des essais en laboratoire, mais sur le site d’installation, il peut soudain y avoir une porte ou un diffuseur d’air qui crée une « ouverture » vers la pièce voisine. Cela change complètement les conditions. En pratique, la valeur Rw mesurée en laboratoire est remplacée par la R’w réelle, qui doit être intégrée dans les calculs pour garantir la conformité aux exigences.

À propos du Rw

Le Rw est exprimé en décibels (dB) et est une mesure pondérée qui résume l’isolation acoustique sur plusieurs fréquences (100–3150 Hz). Plus la valeur Rw est élevée, meilleure est l’isolation contre le bruit aérien.
Par exemple, une cloison légère a un Rw d’environ 30, ce qui signifie que les conversations peuvent être entendues entre les pièces. Un mur en béton massif peut atteindre un Rw de 55 et offrir d’excellentes performances acoustiques, garantissant la confidentialité des échanges. En laboratoire, le Rw est déterminé selon des normes définies. Sur site, on utilise plutôt le R’w, qui représente la situation réelle et est généralement plus faible de quelques décibels en raison des fuites et ouvertures.

Difficultés courantes

Même si les principes de base sont connus, de nombreux bâtiments présentent encore des problèmes de diaphonie (crosstalk). Cela s’explique par plusieurs facteurs qui influencent le résultat final :

  • Penser qu’un mur solide suffit à résoudre tous les problèmes de diaphonie.
  • Sous-estimer le rôle des conduits de ventilation, qui peuvent agir comme de véritables « haut-parleurs » entre les pièces.
  • Négliger l’impact négatif de composants apparemment simples, comme les diffuseurs d’air ou les conduits courts.
  • Ignorer le débit d’air, les pertes de pression et les différences de pression, qui influencent fortement le son.

Une partie du problème est évidente : toutes les discussions ne sont pas destinées à être entendues à l’extérieur d’une salle. Les personnes exposées à la diaphonie ne sont pas intéressées, elles sont simplement dérangées et voient leur concentration et leur productivité diminuer.
Garantir un confort acoustique est d’autant plus essentiel dans les espaces conçus pour le repos ou le calme, comme les salles de détente ou les écoles.
À l’inverse, certains lieux sont faits pour produire du son, et il est alors indispensable de maintenir le bruit extérieur à distance, un studio de musique ou de podcast en est un bon exemple.

Comment prévenir la diaphonie dès la conception ?

La bonne nouvelle, c’est qu’il existe aujourd’hui des outils logiciels qui permettent de calculer la diaphonie.
En saisissant les données sur les parois, les valeurs Rw et les composants du système de ventilation, on peut simuler l’effet sur le Rw global de la paroi et vérifier si l’atténuation est suffisante pour répondre aux besoins du bâtiment ou de la pièce.

Les nouvelles fonctionnalités logicielles permettent aussi de comparer différentes solutions, ce qui facilite la conception d’un système répondant aux exigences du projet :

  • La grille de transfert est-elle suffisante ?
  • Serait-il préférable d’utiliser des conduits séparés ?
  • Y a-t-il besoin de silencieux ?
  • Faut-il choisir un terminal d’air mieux isolé ?

Ces approches permettent d’obtenir un résultat final nettement meilleur, d’accroître la satisfaction des occupants et de réduire les coûts à long terme grâce à une conception optimisée nécessitant moins d’ajustements.

En résumé :
Une planification correcte dès le départ permet de créer des bâtiments conformes aux exigences, mais surtout des espaces où les murs ne parlent plus.
Découvrez notre logiciel Acoustic Design.