La pandémie de la Covid 19 a très largement dominé l'actualité de l’année 2020 - à juste titre, car ses conséquences ont été d’une violence inédite aux quatre coins du monde, que cela soit sur un plan sanitaire, économique mais aussi social. Nous avons de solides espoirs de voir cette crise vaincue d’ici la fin de cette année mais nous pouvons d’ores et déjà prendre un peu de recul et constater que des développements positifs et importants dans le secteur du bâtiment ont eu lieu, des événements qui façonneront 2021 et les années à venir.
Mais a-t-on une réglementation dans le secteur du bâtiment qui soit adéquate pour faire face aux changements amorcés ?
2020, rénovation et efficacité énergétique en marche
7 septembre 2020, un plan de relance est annoncé par le gouvernement : intitulé #FranceRelance, ce plan permettra de conduire des actions présentant un fort retour sur investissement (contrôle, pilotage et régulation des systèmes de chauffage, modernisation des systèmes d’éclairage…). Et plus de 4 milliards d’euro seront consacrés à la rénovation thermique des bâtiments publics.
Un mois plus tard, l’Union européenne lance "la vague de rénovation" (Renovation Wave) visant à doubler les taux annuels de rénovation énergétique au cours des dix prochaines années.
La qualité de l'air n’est pourtant pas un sujet anodin…
Une mauvaise qualité de l'air intérieur cause en France 20 000 décès prématurés par an et engendre des coûts socio-économiques estimés à 20 milliards d’euro (prises en charge des soins, perte de productivité...) selon un rapport conjoint de l’ANSES, du CSTB et de l’OQAI.
En outre, certains spécialistes annoncent que nous pourrions affronter des pandémies plus fréquentes à l’avenir (tous les 10 ans). Ce risque ne peut être ignoré… Après tout, selon l’Organisation Mondial de la Santé, un virus peut faire le tour du monde en seulement 36 heures.
Le renouvellement d’air, mesure phare contre la propagation de virus
Avec la crise sanitaire, les gens ont pris conscience que l’acte de respirer comporte un certain niveau de risques. La ventilation apparait maintenant comme l’une des meilleures solutions (et certainement l’une des plus faciles et plus économiques) à mettre en œuvre pour lutter contre la propagation du virus. Mais la réglementation en France en matière de ventilation des locaux est obsolète : les textes qui concernent le conditionnement d’air des bâtiments ont été établies en France suite à la crise énergétique de 1973. Ces textes ont été pensés et élaborés dans ce contexte précis, dans le but de réduire la consommation énergétique des bâtiments, non pas pour prendre en compte le bien-être et la santé des occupants…
La RE 2020, qui ne devrait entrer en vigueur qu’en 2022, avance timidement sur le sujet, en rendant obligatoire la vérification des systèmes de ventilation pour les bâtiments neufs. Néanmoins, on ne peut que déplorer l’absence de projet visant à
« moderniser » réellement la réglementation concernant l’apport d’air neuf par personne selon la nature des bâtiments (écoles, bureaux, habitations, … ). Par exemple, le débit d’air neuf par personne réglementaire dans un bureau est de
18 m3/h (arrêté du 24 mars 1982, modifié le 28 octobre 1983). Cette valeur, quand elle est respectée, est bien trop faible pour limiter les risques de contamination, et plus généralement apporter un niveau de confort acceptable. A noter que nos voisins européens , en particulier scandinaves, exigent des débits d’air neuf 3 fois supérieurs !
Utilisons l’opportunité du report de la RE2020 pour prendre en compte à sa juste valeur cette dimension de Qualité d’Air Intérieur.
Mais l'ensemble de la profession se montre plus ambitieux !
Le nombre de projets certifiés ne cesse de croître. Et dans les programmes de certification, la ventilation et la qualité d’air occupent heureusement une place importante, ce qui permet de pallier en quelque sort aux carences de la réglementation. La certification des bâtiments n’est plus réservée seulement à quelques projets novateurs, de grande envergure. Elle se « démocratise » car elle représente un investissement judicieux, apportant une réelle plus-value aux propriétaires de ces bâtiments.
En fin de compte, ce que nous essayons tous de réaliser, ce sont des bâtiments sains et durables. Il y a une demande croissante pour construire de manière plus intelligente avec des matériaux respectueux de l’environnement. Et il existe aujourd'hui des produits et des systèmes intelligents qui permettent d’allier efficacité énergétique et qualité de l’air intérieur. Nous devons garder ces deux objectifs à l'esprit car nous vivrons dans ces bâtiments neufs ou rénovés pendant de nombreuses années. Nous devons donc nous assurer d'en tirer le meilleur parti...
#Feelgoodinside
* Les débits d'air minium sont calculés sur la base d'un bureau individuel, de 13m2, composé de matériaux à très faibles émissions.
Norvège: regulations on technical requirements for structures (section 13.3 - environnement et santé). Le débit d'air indiqué correspond au strict minimum, lorsqu'une documentation a été établie prouvant que le bureau est composé de matériaux à très faibles émissions. En l'absence d'une telle documentation, et lorsque les matériaux utilisés sont inconnus, ce qui est généralement le cas, le débit d'air "standard" serait alors porté à 119m3/h.
Suède: le taux de renouvellement de l'air avoisine les 50%.
Espagne: RITE (R.D. 1027/2007) - reglamento de instalaciones térmicas de edificios.
Allemagne: EN15251 - Kategorie II
Royaume-Uni: recommandations du CIBSE et règlement Partie F
France: débits d'air fixés à 18 m3/h/personne pour les halls recevant du public, bureaux individuels et collectifs, salles d'attente, salles de repos, salle de réunion, 22m3/h/personne pour les salles à manger et cafétaria, et 25 m3/h/personne pour les postes d'accueil et de renseignement.
Suisse: norme SIA 382/1